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Les Impressions Nouvelles
 

la collection

Depuis 2001, Les Impressions Nouvelles ont publié près de quarante titres. Par ses choix variés et cohérents, cette jeune maison d’édition s’est forgée une identité forte. Elle a joué un rôle de pionnier dans le lancement du DVD littéraire. Elle est parvenue rapidement à mettre en place une stimulante politique d’auteurs. Elle n’a pas hésité à prendre des risques, à parier sur des écrivains inconnus ou débutants, à susciter des débats autour de questions littéraires ou de société.
Aujourd’hui, dans leur désir d’ouverture vers de nouvelles contrées littéraires, d’exploration de chantiers inédits et de recherches en cours, Les Impressions Nouvelles inaugurent une collection “Théâtre”, dont la direction a été confiée à Christian Rullier.

Le plaisir du texte
Le projet comporte trois axes :
- Les pièces contemporaines, principalement francophones
- Les textes méconnus d’auteurs classiques (ex. Maupassant)
- Les travaux et réflexions “Autour du théâtre” (ex. Dominique Labbé)


Pour les pièces contemporaines, notre volonté est de redonner au texte théâtral son statut de littérature à part entière et non plus, comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui, de simple canevas, prétexte à un spectacle. Une pièce n’est pas un scénario de télévision, un objet-kleenex dont on se débarrasse après la Générale de presse, un véhicule réputé illisible que le metteur en scène, et lui seul, peut conduire à bon port sur les chemins du sens.
Le choix des Impressions Nouvelles, en leur collection Théâtre, est de redonner à l’auteur dramatique sa place originelle, celle qui, au cours des dernières décennies, aussi bien sur les scènes que dans les médias, a été trop souvent oubliée.
Le metteur en scène, il y a plus de trente ans, fut à l’origine du renouvellement du théâtre. Il est depuis l’acteur incontournable et essentiel de son accomplissement. Mais un appel se fait sentir aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est notre conviction, une renaissance du théâtre peut et doit venir de l’écrivain, de l’auteur, du poète, de cette fonction primordiale à laquelle il convient de rendre justice.
Dans l’esprit de Beaumarchais et des fondateurs de la dramaturgie moderne, dans l’élan de la Société des Auteurs dramatiques (SACD) et du Centre National du Livre (CNL), dans la lignée du mouvement des Écrivains Associés du Théâtre (EAT), les Impressions Nouvelles s’engagent désormais dans cette perspective culturelle de tout premier plan.
Loin de se replier sur elle-même, cette collection Théâtre multipliera les partenariats avec toutes celles et ceux, qu’ils appartiennent au public ou au privé, qui partagent son point de vue et son désir : le rayonnement du livre de théâtre dans les librairies, les écoles, les universités, les bibliothèques, les compagnies, les théâtres eux-mêmes, dans la presse et, bien sûr, dans les pensées et les actions concrètes des acteurs politiques de la Culture.
Les Impressions Nouvelles, par leurs choix, mettront en évidence que le livre de théâtre n’est pas un ouvrage mineur qu’il convient de glisser entre deux best-sellers démodables.
Tel est notre nouveau pari.

Christian Rullier

Découvrez

les

nouveautés

de

la

collection

"théâtre"

!

V

V

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Titres déjà parus :

Les Impressions Nouvelles-théâtre, 38 rue de la Côte du Nord, 93100 Montreuil, France.
in-theatre@wanadoo.fr

Pour visiter le site http://www.lesimpressionsnouvelles.com ainsi que celui de Christian Rullier http://www.christian-rullier.com : voir page liens

 

NATACHA DE PONTCHARRA

Mickey-la-Torche suivi de Dancing

et L'enfer c'est un paradis qui brûle

105 pages, 13 euros - ISBN 2-906131-71-7

Natacha de Pontcharra, tout d'abord peintre, graphiste et nouvelliste, écrit pour le théâtre depuis 1991. Plusieurs de ses pièces sont traduites et jouées à l'étranger (allemand, anglais, italien, espagnol, arabe). Elle poursuit depuis plusieurs années une collaboration avec le metteur en scène Lotfi Achour et la Compagnie Naravas, basée à Grenoble.

Ces trois pièces nous font découvrir le vaste univers dramatique de l'auteur.

Mickey-la-Torche est une plongée drôle et cruelle dans le vif d'une sorte de Cro-Magnon d'aujourd'hui, hissé à travers des générations de déclassés. Sa vocation est d'être le gardien de ce qui est menacé de disparition. Frustré par un emploi à temps partiel de vigile dans un entrepôt, il dirige les débordements de sa passion sur la récupération des détritus de sa voisine dont il est amoureux. Cette relation invivable et sans issue le mènera au meurtre.

 
Dancing est un regard en dérision porté sur le monde du travail, à travers les rencontres des employés dans les sanitaires de leur entreprise. C'est dans ce lieu propice à la décompression, à l'étalage des intimités, mais également aux violences et aux pulsions que vont s'entrecroiser les micro-tragédies cocasses et emblématiques de cinq personnages en quête de hauteur…
 
Avec L'enfer c'est un paradis qui brûle, nous pénétrons dans la vie édénique d'un couple, devenue peu à peu un désert. Tout au long de cette catastrophe naturelle, aveuglement et silence ont été leurs compagnons secrets, mais une fois au pied du mur, refoulés à la porte de leur histoire finie, la parole vient mettre au jour ce souterrain du désamour…

KATJA HUNSINGER

Au beau milieu de la forêt

80 pages, 12 euros

ISBN 2-906131-73-3

Katja Hunsinger, née en 1967 en Allemagne, vit en France depuis 1989. Après des études de journalisme, d'histoire et de théâtre à l'Université de Strasbourg elle intègre l'Ecole Florent (classe libre), avant de rejoindre la Compagnie d'Edvin(e) d'Eric Ruf, avec laquelle elle a créé plusieurs spectacles. En 2001, elle publie l'ABCdaire de Berlin (Flammarion), puis en juin 2002, elle fonde, avec son complice Rodolphe Dana, la Compagnie des Possédés.
Au beau milieu de la forêt est sa première pièce. Elle a reçu le soutien de l'Association " Beaumarchais "-SACD qui, d'ores et déjà, la considère comme une révélation théâtrale.
Son univers, onirique et cruel, est proche de celui des œuvres de Maeterlinck.

Baptiste, 25 ans, revient chez ses parents, après cinq années d'absence. Il est accompagné de sa femme, Rose. La vie reprend comme avant dans cette maison isolée au milieu de la forêt. Si le père s'ouvre à Rose et la prend en affection, la mère, quant à elle, semble agacée par cette belle fille silencieuse. Il y a aussi un loup qui rode, et qui trouble de ses hurlements les nuits paisibles.
Lorsque le loup blesse la mère, père et fils partent à sa poursuite. Baptiste ne reviendra qu'une année plus tard de cette chasse …
Une forêt, un loup, deux générations sous un toit. Et le désir. Comment circule-t-il dans un espace clos, comment sourdent les pulsions à travers les non-dits ? Confusion, transgression. La vie, la mort, l'enfant, les parents, le sang, les corps.
Chaque famille porte en elle le mythe des origines, chaque famille peut se raconter à la manière d'un conte de fées sanglant …

JACQUES RAMPAL

Diogène le Cynique

117 pages, 14 euros ISBN 2-906131-72-5

Dessinateur, scénariste, journaliste, Rampal fait une entrée triomphale au théâtre en 1992 avec Célimène et le cardinal, une comédie en vers, sept fois nommée aux " Molières " et par deux fois récompensée. Depuis, il a écrit de nombreuses pièces en prose et trois en vers, dont Esmeralda (1994) et, tout récemment, Le Galant sanguinaire.

Vivant dans un tonneau, Diogène de Sinope, personnage entre mythe et réalité, " cherche un homme " à la lumière de sa lanterne éteinte (en plein jour), apostrophe les passants et lance son fameux " ôte-toi de mon soleil " à Alexandre-le-Grand venu lui proposer de l'aide… Bref, il est " médiatique " avant la lettre, c'est-à-dire plus spectaculaire que profond. S'il vivait aujourd'hui, il passerait à la télévision non pour apporter la contradiction aux grands penseurs du petit écran, mais pour les entarter en direct. En même temps, il fait montre d'une belle intégrité en vivant jusqu'au bout son vœu de pauvreté et gagne notre sympathie en restant ce rebelle plein de panache.
Il nous permet aussi de mieux connaître deux philosophes importants, Antisthène et Platon, et cette Grèce antique, mère de toutes les démocraties.
Le tout en alexandrins, appréciés du public, et que l'auteur souhaite remettre au goût du jour, comme le firent Hugo et Rostand deux siècles après Molière et Racine.

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Christian Rullier


DERNIERES OUTRANCES
Confessions

En 1987, "Le Fils", écrivain cyclothymique, débauché et caméléon, jouissant de sa propre destruction et par tous les bouts de la chandelle où ça pouvait brûler, faisait son apparition dans la pièce éponyme de Christian Rullier qui, jouée par 100 comédiens à la Cigale dans une mise en scène de François Rancillac, connut un important succès et remporta le Grand Prix du Théâtre de la ville de Paris. Depuis cette date, une dizaine d'autres mises en scène lui sont consacrées en moyenne chaque année en France et à l'étranger.
Cette pièce était composée d'une centaine de personnages qui, un jour dans leur existence, sur une durée de soixante ans, avaient rencontré Le Fils, l'avaient aimé ou cru l'aimer, détesté ou cru le haïr. Tous ces êtres anonymes avaient partagé un instant de sa vie et venaient témoigner devant le public au sujet de sa personnalité controversée. Le Fils, lui, ominiprésent pourtant, était l'éternel Absent de l'histoire… "Nous ne vivons jamais que dans la mémoire des autres", écrivait Borges. Ce à quoi la pièce "Le Fils" répondait, avec l'ensemble de ces témoignages : "Mais les autres ne vivent aussi que dans notre mémoire, faite de faux pas et de faux-papiers"…
Aujourd'hui, avec "Dernières Outrances", un nouveau chapitre s'ouvre dans cette aventure littéraire et théâtrale.
En effet, 350 textes écrits de la main du Fils ont été retrouvés par Christian Rullier dans un squat de la banlieue parisienne, où il a séjourné quelques temps. Tous ne sont pas publiables en raison de leur extrême violence et de leur caractère purement pornographique. Certains durent même être détruits car ils contenaient des noms plus ou moins célèbres, avec surnoms intimes, adresses, prouesses et numéros de téléphone. D'autres encore étaient illisibles, moisis, rongés, couverts de taches d'alccols et de liquides suspects. Bref, de ce tas immonde et anarchique de feuillets à la chronologie malmenée, seuls 150 textes environ ont pu être "sauvés" et "triés". Naturellement, cette reconstitution de ce que l'on pourrait appeler le "journal" du Fils, bien qu'ayant nécessité plusieurs années de travail intense, est tout à fait approximative. Il convient cependant de noter que la fin de ce roman d'une fin de vie littéraire est considérée par les spécialistes comme "plausible".

 

Christian Rullier

Christian Rullier


SUR GLANE
Théâtre


A la fin de la guerre, les Nazis ont détruit un village et massacré ses habitants : les hommes ont été fusillés, les femmes et les enfants brûlés vifs dans l'église... De rares personnes ont cependant réussi à échapper à la mort...
SUR GLANE est une comédie psychologique sur le malheur, lorsque celui-ci n'est plus qu'une attitude, un mode de vie, une série de comportements officiels, complaisants, qui masquent, parfois, des secrets peu avouables...
Cette pièce se passe de nos jours dans le village reconstruit surplombant ses ruines. Elle met en scène trois générations de femmes : Yvonne, Hélène et Marie, ainsi qu'un photographe kabyle. La décision de Marie de le suivre à Paris va mettre le feu aux poudres et raviver les blessures du passé, qui ne sont peut-être pas seulement celles qu'on croit…
J'ai écrit ce texte pour donner la parole à de l'humain, en opposition farouche à ceux qui veulent le symboliser et le mythifier en grandes pompes, et par là même l'écraser une nouvelle fois, le faire taire pour l'éternité sous le marbre glacé de la plaque commémorative.
Je refuse que la vérité historique, indiscutable évidemment, anéantisse cependant à jamais les vérités individuelles !
Je refuse que l'Histoire officielle et à juste titre enseignée étouffe les histoires des gens, les histoires du commun des mortels !
J'ai écrit ce texte, avant tout peut-être, pour que les survivants de toutes les tragédies humaines (guerres, terrorisme, accidents de l'existence) trouvent du réconfort ailleurs que dans leur statut de victime. Ce doit être épouvantablement dur, je l'imagine, mais c'est nécessaire à la marche du monde ! Parce qu'il faut crier fort, et toujours, que, au-delà de l'horreur, la vie est belle !

Christian Rullier

Christian Rullier

Avec toute mon admiration
suivi de
Attentat meurtrier à Paris
320 morts 800 blessés

Théâtre

Avec toute mon admiration
La grande et exubérante actrice Éléonor Ravel, née à l'époque où Raymond Poincaré faisait occuper la Ruhr, partage sa vie et son appartement parisien avec Thomas Langevin, un sexagénaire, qui est à la fois son majordome, son ami, son complice, et sans doute davantage encore…
Un jour, Éléonor accepte de recevoir un "jeune auteur", Christian Le Fils, la quarantaine, qui nourrit pour elle une admiration sans borne, dangereuse, et lui propose le rôle principal d'une pièce qu'il a écrite exclusivement pour elle…
Or ce rôle n'est pas sans rapport avec celui qu'elle a refusé à Ingmar Bergman en 1957, dans un film resté finalement à l'état de projet, Les Ombres Rouges…
Éléonor acceptera-t-elle de jouer un dernier rôle, le dernier ?
Attentat meurtrier à Paris 320 morts 800 blessés
Katharina, la quarantaine, atteinte d'un mal incurable, décide de mourir accompagnée par le plus grand nombre afin que les médias parlent d'elle...
A-t-elle réellement déposé une bombe dans un lieu public pour théâtraliser sa fin ou cette bombe n'est-elle que la déposition publique d'un phantasme explosif ?
De passage dans la chambre conjugale après l'acte fatal, Katharina est-elle toujours vivante, ou n'est-elle plus déjà que le rêve de l'homme d'affaires qui dort, son pauvre mari au planning surchargé, qui n'a pu juguler le drame ?
Créée en 1985 au Théâtre de l'Athénée par Marie-Christine Barrault, dans une mise en scène de Gilles Atlan, cette pièce se révèle, à la lumière de récentes tragédies où s'épousent solitude et folie, d'une redoutable et troublante actualité.
Guy de Maupassant

La paix du ménage
Théâtre
Préface d'Albert Algoud

La paix du ménage, dont l'action est située à Paris en 1890, est un condensé de la comédie de boulevard. Trois personnages : le mari (M. de Sallus) , la femme (Mme de Sallus), celui qui n'est pas le mari (M. Jacques de Randol). Le mari, volage décide de reconquérir son épouse au moment où celle-ci s'apprête à fuir avec son amant. La pièce se joue en les quelques heures qui séparent cette décision d'un revirement aussi inattendu qu'aigre-doux. Le portrait de la bourgeoisie que brosse Maupassant est d'abord amusant, mais devient vite ambigu, puis très cruel, et il n'hésite nullement à monter en épingle la lâcheté des hommes.
"Et pourtant dans la Paix du ménage, et c'est là une des grandes originalités de cette pièce, pour ne pas dire une de ses étrangetés, Maupassant envisage, dans le cadre du mariage, la possibilité d'une entente amoureuse, d'une complicité érotique. La cohabitation légalement ratifiée d'une femme et de son mari ne condamnerait pas forcément les sentiments à s'affadir et la bagatelle pourrait bien, contre toute attente, y trouver son compte." (extrait de la préface inédite d'Albert Algoud)
Guy de Maupassant est l'auteur de nouvelles le plus célèbre et le plus populaire de France. Élève de Flaubert, il s'est fait le peintre implacable des mœurs de son temps. Ses recueils de nouvelles et ses romans sont devenus des classiques. Cette pièce méconnue et devenue introuvable mérite largement d'être découverte. Elle allie le comique du théâtre de boulevard (Courteline, Labiche, Guitry, Feydeau) à la profondeur psychologique et au mordant de Maupassant, qui se montre ici un maître du dialogue rapide et cynique et un précurseur inattendu du féminisme.

Dieter Lesage

Peut-on encore jouer Hamlet ? essai

Shakespeare est considéré comme un auteur "universel", qu'on peut donc continuer à jouer comme si de rien n'était, c'est-à-dire comme s'il était un de nos contemporains. Or, la réalité est tout autre: une pièce comme Hamlet, du moins dans sa version originale, est devenue pour nous incompréhensible et injouable. On ne peut jouer Hamlet que dans la mesure où on l'adapte, c'est-à-dire dans la mesure où l'on supprime ce qui constitue l'essence du texte. Dans son livre, Dieter Lesage s'en prend aux adaptations modernes qui détruisent selon lui l'art de Shakespeare et il avance des propositions concrètes à même de respecter des pièces aussi "impossibles" qu'Hamlet...
Dieter Lesage est sans doute le plus renommé des jeunes essayistes belges néerlandophones. Il s'est fait remarquer par deux livres (inédits en français) sur les dérives du nationalisme flamand. Peut-on encore jouer Hamlet ? est une tentative de s'opposer à une variante culturelle du racisme, qui oblige l'autre à devenir exactement comme nous. Par ce livre, Dieter Lesage s'impose comme une des figures clé de l'anti-globalisme culturel.
Un livre-événement

L'auteur de deux comédies aujourd'hui bien oubliées - Le Menteur et La Suite du Menteur - est également celui de L'Ecole des femmes, du Misanthrope, de Tartuffe, du Dom Juan, de L'Avare, des Femmes savantes… Il a aussi écrit l'essentiel du Bourgeois gentilhomme et du Malade imaginaire.
Il s'agit de Pierre Corneille et non point de Molière.
La collaboration entre les deux hommes a duré pendant plus de 15 ans. Elle a abouti à la création de 18 pièces, dont la plupart sont des chefs d'œuvre. Corneille a ainsi réalisé la première "comédie humaine" des Temps modernes. Molière l'a mise en scène, s'est battu pour elle et a permis qu'elle parvienne jusqu'à nous.
Ce livre est aussi un récit vivant de longues années de recherche qui ont amené à la solution d'une des plus passionnantes énigmes scientifiques : comment identifier l'auteur d'un texte inconnu ou d'origine douteuse ? Il annonce enfin la révolution que les mathématiques appliquées et l'informatique apporteront dans les sciences humaines.

Dominique Labbé

CORNEILLE DANS L'OMBRE DE MOLIERE
Histoire d'une découverte

Raymond Federman


La voix dans le débarras
Édition bilingue, préfacée par Marc Avelot et suivie de Échos de Maurice Roche.

Aux Etats-Unis et en Allemagne, La voix dans le débarras/The Voice in the closet est depuis longtemps un texte incontournable sur la Shoah. Exceptionnel par le témoignage qu'il apporte, ce texte qui retrace la manière dont un enfant a vécu l'enlèvement de sa famille lors de la Rafle du Vel'd'Hiver, le monologue de Federman se distingue aussi par son écriture absolument inédite. Voici un texte qui ne dit pas seulement l'indicible, mais qui le fait vivre à travers sa forme même. Pour Raymond Federman, qui a quitté la France en 1947, la publication française de ce livre-culte est un évément biographique capital. Pour le soustraire aux Nazis, une mère cache son enfant dans un placard. C'est depuis ce lieu à la fois excitant et angoissant que l'enfant-narrateur va pouvoir suivre sans oser bouger l'arrestation de ses parents et de ses sœurs, qu'il ne reverra jamais. Dans un bref récit écrit simultanément en anglais et en français, Raymond Federman restitue, sous la forme d'un monologue halluciné, cet événement clé de sa vie dont il conjure le traumatisme par une violence verbale jamais vue et surtout jamais entendue dans un récit de survivant.
Comme l'écrit Marc Avelot, dans une préface éclairante "la grande force de Raymond Federman est de conjoindre les chaos dans un récit qui s'élabore comme une sorte d'art poétique de l'horreur. Si l'on veut bien aborder le livre sous cet angle, il s'offre, à la charnière de James Joyce et de Pierre Guyotat, comme un des textes majeurs du XXe siècle." Maurice Roche ne s'y est pas trompé en dédiant à Raymond Federman un de ses textes les plus effervescents : Echos.

Cyril Gely - Eric Rouquette


Signé Dumas
Théâtre

Février 1848 : Alexandre Dumas est à son apogée. Il s'est retiré quelques jours dans l'immense château qu'il fait construire à grands frais. Là, il travaille avec son collaborateur Auguste Maquet. Si c'est Dumas qui signe, la besogne abattue par Maquet est colossale. Pourtant, depuis dix ans, il est resté dans l'ombre du grand homme et n'a jamais contesté sa suprématie.Ils forment un couple, liés par un intérêt commun : le travail. Mais ce couple, en dépit des apparences, est bien plus complexe qu'on ne le croit. Car, quand éclate une querelle entre les deux hommes, une question cruciale se pose : quelle est la part exacte de l'un et de l'autre dans cette grande réussite ? Lequel des deux est le père de d'Artagnan et de Monte-Cristo ? Bref : qui est l'auteur ? Leur relation, si paisible jusqu'ici, passe de l'alliance au doute, hésite, puis bascule dans l'affrontement, alors que non loin de là, à Paris, se prépare une révolution qui scellera définitivement le sort de la monarchie…
Signé Dumas a été créé lors du Festival d'Anjou le 16 juin 2003, et repris à partir du 12 septembre 2003 au Théâtre Marigny dans une mise en scène de Jean-Luc Tardieu, avec Francis Perrin, Thierry Frémont et Maxime Lombard.


Un article paru sur sitartmag.com V

Dumastodonte !
Cyril Gely et Eric Rouquette ont imaginé un dialogue théâtral entre Alexandre Dumas père et son secrétaire Gustave Maquet. Nous sommes en 1848 : Dumas est au faîte de sa gloire. Il travaille avec Maquet. Ce dernier, méticuleux, diligent et patient n'a de cesse que de prendre des notes, de classer les brouillons, et de mettre en forme les mille idées foisonnantes du second, personnage haut en couleurs, bon vivant, exubérant et génial. Ils forment un binôme parfaitement symbiotique jusqu'à ce que les évènements de février 1848 surviennent. Gustave Maquet exhorte alors Dumas à ne pas rejoindre Paris et la duchesse d'Orléans qui, dit-on, assure la Régence à la suite du départ de Louis-Philippe face aux insurgés républicains. Mais l'écrivain pense qu'il faut saisir l'occasion pour briguer un ministère. La discorde éclate entre les deux et surgit une vive dispute d'origine plus profonde : Maquet estime que Dumas, par son imprudence, les met en danger tous les deux :
" Vous menacez notre position ! " (Maquet)
(…)
" Notre position ? " (Dumas)
A partir de cet instant, les répliques vont s'enchaîner dans un pur style stichomythique. Le système d'arguments est clair de part et d'autre : le " secrétaire " estime avoir son mot à dire sur les engagements de son " patron ", considérant que c'est lui, et lui seul, qui, dans l'ombre, tient la plume. Pour Dumas, Maquet mérite tout juste de figurer " par miracle (…) dans une page littéraire de quartier " au sein de laquelle un chroniqueur se plaira à " palabrer sur les ratés, sur les scribouillards, sur les nègres… ".
On prend un plaisir évident à la lecture de cette pièce de théâtre qui se plaît joyeusement à (re)créer ces moments invérifiables de la vie de l'écrivain. Signé Dumas est une invention fantaisiste, au rythme si effréné qu'il est quasiment impossible de ne pas la lire d'un trait. Le langage, coloré et musclé du personnage de Dumas, sa verdeur et sa rigueur (ponctuation exclamative quasi-systématique dans ses répliques) contrastent avec le calme et la colère maîtrisée de son " esclave " en rébellion. Dumas tranche souvent le discours de Maquet par des répliques nominales, extrêmement brèves et cassantes. De façon significative, les répliques du " scribouillard " sont plus longues. Mais leur contenu, plus intellectuel quoique justifié (n'est-il pas celui qui, comme il le dit avec véhémence, a " tout inventé " ? ) ne pèse pas lourd face à la gouaille charismatique d'un Dumas trop conscient de la légende inébranlable qui accompagne déjà son nom. A un Maquet croyant être sur le point de porter le coup de grâce à l'auteur de Monte Christo en revendiquant la paternité des œuvres, Dumas ripostera avec un cinglant :
" Parce que c'est moi qui signe. "
Assuré de sa postérité littéraire, Dumas ne craint plus rien. La pérennité de son œuvre n'est plus en doute. Finalement, tout rentre dans l'ordre : Maquet et Dumas reprennent leur collaboration. Le premier s'occupe des sujets, des plans, des personnages. Le second décide de partir pour la capitale se faire élire député et affirme qu'il apportera sa griffe (la Dumas' touch) qui fait tout le génie d'une création. Signée Dumas, l'œuvre se fait chef-d'œuvre.
Le texte de Cyril Gely et Eric Rouquette est une fulgurance amusante. C'est du théâtre qui se lit avec légèreté et désinvolture, une vision plaisante et séduisante des coulisses de la grande Histoire littéraire. Gaiement iconoclaste, le texte montre à quel point les icônes peuvent supporter les plus grandes attaques. A tel point que l'on imagine aisément le peu d'impact qu'aurait une étude scientifique démontrant que Dumas père n'a pas écrit La Reine Margot, Les Trois mousquetaires et autres monuments de la littérature mondiale. Il y a comme ça des sanctuaires sacrés.
" La signature désigne l'auteur " affirme Dumas d'un ton péremptoire. Il me suffit alors de signer cette chronique (dont je n'ai pas écrit un mot) pour en être l'auteur. La postérité retiendra un nom et un seul.

Ludovic Miel
(novembre 2003
)